[Workshop "La source"] avec Dominique Marchais

Hydro copie
Hydro copie
du 14 au 18 mars 2022

Semaine de Workshops semestriels croisés cycle 1 - Art et Design
Ces workshops sont des ateliers de production avec des artistes et des designers invités à l'ebabx dans des champs artistiques diversifiés (édition, son, cinéma, performance, danse, stylisme, matériaux, photographie, cuisine, impression, performance, peinture, objet, design, multimédia...), ils sont ouverts à l'ensemble des étudiants du cycle 1, organisés sur 5 jours, avec un temps de restitution publique.

[Workshop "La source"] avec Dominique Marchais


Qu’est-ce qu’une source? Y a t-il vraiment, dans la nature, quelque chose comme un début? Une origine? C’est une question qui a son importance. La représentation que l’on se fait de la rivière détermine la façon dont on va agir sur elle. 

Pourquoi la source de la rivière serait-elle ce jaillissement d’une roche, ou cette eau qui sourd de la tourbière, plutôt que le nuage qui passe au dessus de nos têtes, plutôt qu’un point perdu au milieu de l’océan?

N’y a t’il pas une étrangeté à vouloir assigner un début à un cycle?

Qu’est-ce qu’une rivière? Un trait, qui file de sa source à son exutoire? Ou bien le segment d'un réseau, le bassin versant, qui est d'ailleurs un réseau de rivières et de nappes, donc un réseau en grande partie invisible.

Les rivières, on le verra, sont entrelacées, elles intersectent, sont interdépendantes. On le verra aussi en s’intéressant à ce qui vit dans les rivières.

Dans quelle direction coule l’eau? N’est-elle soumise qu’à la loi de la pesanteur, du haut vers le bas, ravinement, érosion, infiltration? Mais alors l’évaporation, la capillarité, la tension, la sublimation, la précipitation, la transpiration? 

Ne projetons-nous pas sur le réseau hydrographique l’idée que nous nous faisons de notre propre corps, de notre propre vie: naissance et mort, début et fin, jaillissement et dissolution?  

Quid de la réalité? Du fonctionnement réel des choses ? Et si nous faisions l’inverse, que nous projetions sur nous, notre vie, notre corporéïté, une représentation renouvelée de l’eau, du réseau hydrographique? 

Qu’est-ce que ça produit que de se penser et de se vivre comme cycle et non plus comme source et exutoire, amont et aval, naissance et mort? De se penser et de se vivre comme bassin versant et plus comme rivière?

Expériences de pensées que l’on mènera dans des expériences de terrain, en suivant/cherchant les rivières visibles et invisibles du territoire bordelais.

Il ne s’agira pas strictement d’un atelier vidéo mais on travaillera aussi des questions de cartographies. La dimension d’enquête documentaire est importante.
 


Biographie
Après des études de philosophie, Dominique Marchais est critique de cinéma de 1994 à 1998 aux Inrockuptibles. De 1998 à 2002, il est sélectionneur pour le festival de Belfort, Entrevues. En 2003, il est pensionnaire cinéaste à la Villa Médicis. Il signe son premier film en 2003, Lenz échappé, court métrage d'après le Lenz de Georg Büchner, qui obtient en 2004 le prix spécial du jury au Festival du film de Vendôme. Ce film inaugure une réflexion sur le paysage qui s’est poursuivie avec les films suivants. « Le temps des grâces », sélectionné au festival de Locarno et sorti sur les écrans en 2010, marque les débuts d’un travail documentaire sur les paysages ruraux contemporains. Le film organise un vaste forum où écrivains, agriculteurs, agronomes et économistes, politiques et paysagistes dressent le bilan des effets de la modernisation agricole et de la mondialisation sur la physionomie des campagnes. « La ligne de partage des eaux » (sorti en salles en 2014) prolonge les questionnements du Temps des grâces en donnant à voir le paysage contemporain comme un champ de forces se décomposant et se recomposant en permanence sous les effets des jeux d’acteurs et des logiques sectorielles. « Nul homme n’est une île » (sorti en 2018 en France, Suisse et Italie, Grand prix du jury du Festival de Belfort), débute par un vaste panoramique sur la fresque du bon gouvernement peinte en 1338 par Ambrogio Lorenzetti à Sienne. Le film réunit des collectivités et des pratiques professionnelles très diverses et éloignées géographiquement (agrumiculteurs siciliens de la coopérative des Galline felici, l’architecte suisse Gion Caminada, les artisans et les élus du Vorarlberg) mais qui toutes s'efforcent de produire le paysage du bon gouvernement, actualisant ainsi la fresque de Lorenzetti. Il réalise actuellement le long métrage documentaire Paysage invisible, film qui s’interroge sur la notion de bassin versant et sur l’eau. Un long métrage de fiction est également en production. Dominique Marchais a animé de nombreux workshops et master class: à l’École Normale Supérieure (Paris), aux Arts décoratifs (Paris),  à l’Ecal (Lausanne) et à la Head (Genève), à l’école d’architecture de Lyon, aux Beaux-Arts d’Annecy…

Type d'actualité